
LE TEMPS DU CARÊME
Temps de la pénitence
et de la conversion

LES MAGES VENUS D'ORIENT
On connait l’histoire des mages et de la belle étoile qui les conduit à Bethléem. Est-ce que cette étoile était une comète, comme le disent les scientifiques ? Cela n’a pas d’importance. Ce qui nous intéresse, c’est qu’elle annonce la dimension universelle du règne de Jésus. Ce n’est pas seulement le « roi des juifs », comme le précisait l’écriteau sur la croix. C’est le roi universel. Et c’est bien ce qui se passe déjà en partie. Aux quatre coins du monde, dans tous les pays, en ce dimanche, des hommes, des femmes et enfants se prosternent devant Jésus, le reconnaissent comme leur roi et veulent lui offrir le meilleur d’eux-mêmes. C’est cela qui commençait avec les mages à Bethléem.
Les mages sont probablement des astrologues. A l’époque on croit que les astres, les étoiles, peuvent annoncer l’avenir et les évènements importants. C’est la base de l’astrologie et des horoscopes. C’est humain : on cherche à deviner ce que se passera demain, et en ce début d’année tout le monde y va de ses souhaits et prévisions, que ce soit pour le réchauffement climatique, le nouveau président, la fin du Covid ou ses chances en amour. Donc, un peu comme nos savants prévisionnistes, mais avec d’autres méthodes, les mages scrutent l’avenir. Et cela les mène à Jésus. Notons bien que quand on cherche dans l’avenir, tout dépend de notre attente et de notre question. Vai-je gagner au Loto ? Ma fille me pardonnera-t-elle ? Vais-je guérir ? Y aura-t-il une guerre ? Etc. Et nous savons bien qu’en réalité, si on ne se contente pas de faire des voeux pieux, nous construisons en grande partie notre avenir en fonction de ce qu’on voudrait qu’il soit ou de ce qu’on refuse. Les mages regardent le ciel, mais ensuite ils sellent leurs chameaux ! Ils ne craignent pas le changement, ils le désirent !
Quelle était l’attente des mages, quelle question posaient-ils au ciel, qu’est-ce qu’ils espéraient pour que la réponse les pousse à entreprendre un long voyage à l’étranger pour offrir leurs plus riches trésors à un petit enfant ? Il est clair qu’ils reconnaissent en lui un roi. Et la première lecture, avec le prophète Isaïe, annonçait en effet, depuis longtemps, ce moment où les rois ne viendraient plus pour faire la guerre, mais pour apporter des cadeaux de paix : l’or, la myrrhe et l’encens. C’est donc, dans ce petit coin de Palestine, le début de la réalisation d’une promesse de paix et de bienveillance universelle. D’un monde ou chacun ne cherchera plus à dominer et exploiter, mais à rencontrer et à offrir. Ce rêve d’avenir, on le fait tous. Et les mages ne voient pas seulement un petit enfant. Ils voient ce qu’il deviendra : le Christ, le roi, le Seigneur, dont la parole et l’action gouvernera finalement tous les peuples et tous les pays, pour une paix et une fraternité véritables et définitives.
A la différence du Roi Hérode, qui craint un concurrent et un fauteur de troubles, cela ne les effraie pas : ils se réjouissent. Mais pourquoi ? Quelle est la nature du pouvoir de ce roi qu’ils viennent adorer ? La réponse se trouve dans le Psaume que nous avons entendu entre les deux lectures. Qu’est ce qui séduit ? « Il gouverne avec Justice et fait droit aux malheureux. Il a souci du faible et du pauvre.... C’est la seule source de son pouvoir. » EN fait c’est la source de tout pouvoir authentique et durable. Le souci de la justice, avec une priorité accordée aux faible et aux malheureux. Dans la plupart des sociétés du temps, les faibles, les pauvres, les malheureux sont autant de handicaps. Ils sont en marge de la société. Ils sont des inconvénients, des dommages collatéraux, des problèmes à régler... Pour le Christ, ils sont la raison même de son règne. Et déjà, en offrant leurs trésors à un petit enfant étranger à leur peuple, les mages font parti du Royaume du Christ
On parle beaucoup de mondialisation, d’universalisme, mais dans la plupart des cas, il s’agit d’accords marchands, ou chacun cherche d’abord son intérêt, et veut imposer sa vision du monde. Et on a bien vu les énormes dégâts humains et écologiques causés par une mondialisation seulement économique. En 2022, période d’élection, n’oublions pas qu’aux yeux des chrétiens, la source du pouvoir n’est pas un problème de majorité et de lois, mais une question de justice et de souci des plus faibles, au niveau universel, indépendamment de leur origine ou de leur poids économique. Tel est le royaume inauguré par le messie devant qui viennent se prosterner les mages, qui sont aussi des sages.